Jeudi 10 juin 2010 à 11:36

Tu n'as pas de temps à perdre, d'accord. Dans la vie, il arrive que des chemins se séparent momentanément, chacun rencontre de nouvelles personnes et les vieux amis, les vieilles cousines, tout ça passe à la trappe. Des fois, on croit à un subite regain d'intérêt et puis en fait non, tout est calculé, un peu comme Justine de Premiers Baisers quand elle trompait Jérôme juste pour mettre du piment dans son couple :
- Hey, salut, comment ça va?
- Ca tombe bien que tu m'appelles, ça me fait très plaisir parce que jus...
- Ah non mais je m'en fiche, je t'appelle pas pour m'intéresser à toi, je veux juste raconter ma vie !
- Ah.
- Oui donc, moi, moi, moi ! Me, myself and I ! 
- ...


Jean-Philippe Star, il trouve que je suis trop exigeante en amitié. J'ai pas l'impression, pourtant. Je peux traverser des kilomètres entiers pour quelqu'un, mais c'est vrai que j'aime bien qu'on prenne de mes nouvelles de temps en temps. Ou au moins qu'on me réponde :
- Ca va? Je voulais prendre de tes nouvelles !
- Ah euh, pas tout de suite là, j'ai piscine. Après j'ai partiels et je prends le goûter chez ma mamie. Et puis après je fais la fête avec mes nouveaux amis de la fac. C'est comme ça, je peux pas combiner ceux du lycée et ceux de la fac, l'hémisphère droit de mon cerveau n'est pas assez proportionné. Tu m'en veux pas, hein? Je t'appellerai dans huit mois pour qu'on aille prendre un verre ! Allez, salut !

Si quelqu'un d'un tant soit peu évolué passe par là, j'aimerais bien son avis. Est-ce qu'on doit nécessairement s'éloigner au fil du temps? Est-ce que les nouvelles relations remplacent inévitablement les anciennes? Est-ce que les amitiés formées trop tôt dans la vie sont vouées à s'étioler avec les années? C'est moi, ou bien? C'est peut-être bien moi, hein.

Mardi 1er juin 2010 à 19:06

 Je ne me suis pas encore décomposée, mais ça ne saurait tarder. J'ai un peu l'impression de traverser les portes de l'enfer chaque matin quand je me lève. (Oui, je sais, mon sens de l'exagération n'a pas de limite). Mais disons le franchement : je commence à vomir mon mémoire. Une fois que je l'aurai rendu, si quelqu'un ose me reparler encore une fois d'adoption ou d'intérêt de l'enfant, je tue toute sa famille et son chien. C'est pas tant le mémoire en lui-même qui me gène , ni le fait que je m'efforce de masquer le manque de contenu par la forme (même si la forme aussi fait peur), c'est aussi les partiels qui se déroulent en même temps depuis trois semaines et qui font que, concrètement, je suis prise d'envie suicidaire au moins deux fois par jour. 

Alors pour céder au mouvement bloguien du "je raconte mes exams", je m'en vais vous conter celui d'aujourd'hui. Durée : cinq longues heures, qui tombaient en plein dans l'heure du midi. Et ça m'embêtait fort que ça tombe pendant l'heure du midi, parce que moi, à midi, j'ai faim et si je mange pas, je fais un malaise, et voilà tout ça n'était qu'un vaste complot destiné à m'éliminer. Au programme, deux sujets, chacun afférant à une matière différente, dont l'une dispensée par une sadique qui n'a fait que me foutre 11 toute l'année. Que je passe quinze heures ou trois heures sur son devoir, non, non, non, elle me foutait toujours onze, même pas un demi-point en plus pour l'effort, l'écriture ou l'orthographe, non, onze, le onze qui veut dire "t'es médiocre. Essaie toujours de t'améliorer, je m'en fous, je te mettrai toujours onze parce que j'aime bien te voir rager en levant tes petits bras en l'air". Du coup, j'ai pris l'autre sujet qui portait en gros sur la contractualisation, est-ce que ça protège vraiment les personnes gnagna, enfin là je la fais simple mais c'était quand même plus compliqué que ça. Là, j'ai opté pour une originalité des plus novatrices puisque mon plan consistait à dire :
I. Oui
II. Mais en fait non

Merveilleux, surtout quand je me suis aperçue à la sortie que Cindy avait fait tout autre chose. Mais pas "un petit tout autre chose", non ! Le "autre chose" du genre elle a parlé des cinquante premières pages du cours et moi des cinquante dernières. 
- Mais t'as parlé du droit à l'image? 
- Ben oui. Ca me faisait marrer de parler de Dechavanne. 
- Mais on s'en fout de Dechavanne ! Plus personne sait qui c'est, maintenant ! 
- Et j'ai parlé de l'arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'Homme sur Johnny aussi ! Ca arrive qu'une seule fois dans sa vie, une chance pareil ! Qui sait quand est-ce qu'on pourra à nouveau parler de Johnny Hallyday dans une copie ! C'est dommage qu'il soit pas mort, ça m'aurait peut-être fait des points en plus !

(note : alors là, forcément, tu te demandes un peu ce que foutent Dechavanne et Johnny dans un article relatif à des partiels. Je veux pas me la jouer "caste des juristes" et faire des private-jokes, alors j'ouvre la séance "le droit pour les nuls". C'est l'histoire de Christophe Dechavanne, un jour, bien avant de présenter la roue de la fortune avec une grosse pouffe, il découvre que des gens ont caricaturé sa tête pour en faire des pin's. Du coup,  il est pas content, il va voir son avocat et il dit "faites-moi tout de suite retirer ces merdes de la vente, j'ai une réputation à tenir moi,  je présente "coucou c'est nous" avec Patrice Carmouze, c'est pas rien quand même !" et la Cour de cassation est gentille avec lui, elle dit, "OK c'est vrai Cricri, t'as un droit à l'image qu'il faut protéger alors on va faire retirer ces pin's de la vente... mais steplaît, laisse-moi en un quand même parce que je fais collection". Quant à Johnny, c'est l'histoire de la société Universal qui n'est pas contente parce qu'un mec a sorti un calendrier avec des photos de Johnny, alors que seule Universal a le droit de sortir du merchandising sur son bon gros rockeur, donc elle fait un procès à ce pauvre type et bien sûr elle gagne... Et depuis elle nous asphyxie de mugs, de brosses à dents, de posters, de cartes téléphoniques, de biscuits, de calendriers, de chevalières, de statuettes, de serviettes de plage, de sapins magiques, de chaussettes, de marcels, de post-it et de pin's parlants à l'effigie de Johnny. Fin de la parenthèse jurisprudentielle chiante.)


Tout ça pour dire que c'est toujours pas fini. Et que le pire reste à venir, en fait. Je crois que tous les soutiens et les communions spirituelles seront bonnes à prendre pour moi ces quinze prochains jours, pitié. Dans une semaine, oral de droit pénal sur un cours de mille pages (j'ai un sens de l'exagération sans limite, tu te souviens?) et le pire, LE PIRE, dans deux semaines, un exposé-discussion en libertés fondamentales (comprendre : tu as une heure pour préparer ce que tu vas dire en veillant à ne pas te faire pipi dessus pour ensuite présenter ce que tu auras pondu devant un aimable jury). Or, petits bémols : je ne comprends RIEN au cours (mais même pas un peu hein...), je n'ai AUCUNE culture philosophique (quand je pense que j'ai jeté toutes mes fiches sur Rousseau, Machiavel et autres après le bac, misère) et l'un des professeurs en question est connu pour sa faculté à faire pleurer les élèves. Ah, j'oubliais, je passe juste derrière THE ouf de ma promo qui sait TOUT, TOUT, TOUT, sur TOUT.  

Ô joie, ô merveille. 
 
(je mets une image tendre pour ne pas me pendre tout de suite)http://allegrement.cowblog.fr/images/Bisounours.jpg

Mercredi 26 mai 2010 à 9:52

 Quand on bosse dans une école primaire, il faut fournir un véritable travail d'intégration afin d'apprivoiser les élèves. Après, ils sont un peu trop bien apprivoisés et les gamines du CM2 viennent te demander de leur expliquer ce que sont les pertes blanches et là, tu manques de te dissoudre tout en essayant de trouver une explication qui ne soit pas trop effrayante. 

Donc, je suis bien intégrée, je crois. A tel point qu'hier, un CE1 a dû penser que j'étais - moi aussi -  en CE1 :
- Dis, tu connais "je chante, tu chantes, il chante nanani nanana" ?
- Tu veux dire la conjugaison ?
- Mais non, je veux dire "je chante : -E", "tu chantes : ES", "il chante : -E"... T'as déjà appris, ça ?
- La conjugaison ! Bien sûr que je connais !
(j'ai un bac +5, petit con). 
- Ah, ben tu vas pouvoir me faire réciter alors !

Jeudi 20 mai 2010 à 13:45

 Je suis une fille moderne, j'ai un twitter
(et normalement, il s'affiche quelque part sur la gauche).

Mercredi 19 mai 2010 à 19:10

J'avais mis mon pantalon noir d'entretien, mon chemisier rayé d'entretien, je m'étais fait mon chignon d'entretien genre "moi j'en veux dans la vie, faut absolument que tu me prennes en stage, je serai performante mais si tu crois que je vais t'apporter le café, alors là tu te gourres" et je suis allée à l'entretien. L'entretien qui se passait pas dans un bureau, mais au tribunal, l'entretien qui consiste à attendre deux heures que le potentiel futur employeur plaide, ou plus exactement qu'il ne plaide quasiment pas parce que sitôt à la barre, le juge lui cloue le bec : "non mais ta gueule, en fait je renvoie l'audience au 28 octobre". Du coup, je pensais que ça y est, c'était mon heure, on allait discuter de mon stage, de mon travail, de si j'allais devoir ramener des croissants le matin, de si j'allais vraiment me faire maltraiter, de s'il allait gracieusement m'appeler "la stagiaire" pendant deux mois comme la pouffe de juriste il y a trois ans ou s'il allait être intelligent et capter dés le début que j'avais un prénom. En fait, non, à peine sortis du tribunal, il a dit ça :
- Maintenant, moi je pars en scooter et vous en métro. On se retrouve dans le 7ème dans vingt minutes. 
- Ah, euh oui. Mais on va pas à votre bureau plutôt? 
- Bien sûr que non, on va chez ma cliente, là ! 

En fait, il avait pas compris que le stage était censé commencé au mois de juillet, pas tout de suite-tout de suite. Du coup, il m'amenait directement chez une cliente sans même connaître mon nom de famille. La cliente, justement. On va l'appeler Renée, parce que ça rime avec "tarée" et elle l'était beaucoup, justement. Si toi aussi, tu penses que ceux qui possèdent un 270m2 face à la Tour Eiffel sont nécessairement des gens successfull, équilibrés et qui ont réussi leur vie, tu te trompes gravement. Moi non plus, je ne m'attendais pas à ce qu'une vieille folle m'ouvre la porte. Et pourtant : 
- QU'EST-CE QUE VOUS ME VOULEZ ?
- On revient de l'audience, on a plaidé pour votre affa....
- VOUS AVEZ RÉCUPÉRÉ DU POGNON? NON? BEN QU'EST-CE QUE VOUS VOULEZ QUE CA ME FOUTE?


Là, rien qu'en lisant ça, tu peux pas vraiment capter le côté déséquilibré de l'individu. C'est pas tant la tenue vestimentaire - chapeau piqué à Indiana Jones et pantalon en cuir de Johnny - c'est pas tant l'appart' empestant la clope (bon dieu mais quand on possède un appartement au pied de la Tour Eiffel qui vaut des milliards, on ne fume pas à l'intérieur, enfin !), c'est plutôt la nana en elle-même qui faisait flipper. Parce que t'en connais beaucoup des gens, qui, au milieu des conversations, tournent les talons et se barrent? D'un coup d'un seul, pour rien, elle se casse :
- Je sors, j'ai entendu qu'on m'appelait. 
(--> note de l'auteur : non, non et re-non, personne ne l'appelait au-dehors. Peut-être dans sa tête en revanche, parce que quand on a une dette de 5000 euros à l'hôpital Sainte Anne, on n'est certainement pas tout à fait seul dans ses pensées.)

Et là, je me suis vraiment mise à flipper. Je la voyais déjà aller chercher une kalachnikov planquée sous son paillasson et nous assassiner, tout ça parce que le magistrat avait reporté son jugement au mois d'octobre. J'avais pas très envie de mourir pour un stage non-rémunéré, quand même. En fait, non, elle est revenue cinq minutes plus tard en disant "ah non, en fait, je me suis trompée". 

Mais c'est pas ça, le mieux. Ou le pire, ça dépend dans quel sens on le prend. Le plus épique, ce fut la visite à sa voisine du 4ème étage. Et là, je sors à nouveau ma théorie sur les gens qui habitent face à la Tour Eiffel et qui sont tarés. Déjà, la voisine, elle avait un chien qui ressemblait à "Pépette" dans les trois frères qu'elle appelait "mon bébé" et "amour de ma vie" : je veux pas paraître méprisante, mais bon, voilà quoi. Autant certaines femmes ont les yeux qui crient braguette (pensée pour David qui aime particulièrement cette expression), autant cette femme-là, elle avait plutôt les yeux qui criaient "anxiolytiques, anti-dépresseurs et barbituriques". A la base, on était juste venus pour lui rembourser trente euros que lui devait la cliente. Pas pour qu'elle sorte ses albums photos :
- Vous voyez, ça c'est moi et Renée à Noël, quand on était encore amies. Là c'est en juillet 1985, à Saint Raphaël. Ici avec mon mari, à Port Saint-Jean, en octobre 1988. On avait pêché un énorme maquereau, ce jour-là. Et lui c'est mon cousin Gérard. Mais maintenant, Renée, c'est devenu une vraie salope ! Vous savez, ma copine Josiane, elle dit que René, elle fait la pute pour vingt euros devant l'immeuble ! Alors moi j'essaie de la défendre, je lui dis "non Josiane, faut pas dire des choses comme ça, ou alors t'as qu'à donner vingt euros à ton mari pour qu'il vérifie !". On peut pas accuser les gens de faire des pipes aux passants comme ça, il faut des preuves ! 

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