Lundi 16 mars 2009 à 19:58

La fille de la fac, elle est stressante.

C'est vrai qu'il faut me voir arriver en amphi le matin : la fille aux cernes violacées, sur le front de laquelle on peut lire très discernement "J'EN PEUX PLUS !", au teint n'ayant rien à envier à celui de Beetle Juice, c'est moi.
Soit.
 
- Ô mon dieu, la GUEULE que tu te tapes ! On dirait mon arrière grand-mère !
- Ta gueule.
- Nan mais sérieux, y'a un effet spécial, quelque chose?


C'est bon d'être accueilli par des paroles douces et bienfaisantes dés le matin, c'est un peu comme être délicatement réveillé par des bisous au creux du cou et des tartines de Nutella. Sans les bisous et les tartines de Nutella.

Ca, c'était l'acte I. Les trente premières secondes. Vient après le moment des festivités... :

- T'as fait ton commentaire d'arrêt en pénal?
- Celui pour vendredi?
- Mais nan, pas celui ci, l'autre, celui qui est à faire pour le 8 septembre !



... ainsi que des grands projets d'avenir :

- Non mais moi, de toute façon, je suis sûre que je vais redoubler.
- T'as eu 10/10 en droit administratif pas plus tard qu'il y a deux heures.
- Non mais je vais redoubler j'te dis.
- Tu as un professeur particulier qui vient toutes les semaines t'aider
- Je vais redoubler j'te dis.



Ceci est une annonce officielle : recherche muselière pas trop cher pour jeune fille taille moyenne et pète-co****es. D'avance merci

Lundi 16 mars 2009 à 19:53

La réinscription à la fac, c'est tout un programme.

 



A peine les résultats affichés, la secrétaire fait de la propagande : "Hop hop hop, admis ou ajournés, tout le monde passe à mon bureau le plus vite possible pour s'inscrire l'année prochaine. Et si vous n'êtes pas sûrs, NE LE FAITES PAS, entrez directement sur le marché du travail, on s'amuse, c'est la teuf every day and night, youhouuuuh, r'gardez comme je danse bien la Carioca !" [comprendre : magnez-vous, faut que j'sois en vacances dés le 10 juillet, non mais oh, j'ai passé toute l'année à travailler 6 longues heures par jour, hormis les lundi et mercredi après-midi et le vendredi toute la journée où mon bureau est fermé. Et surtout, découragez-vous, ça me fera moins d'étudiants à enregistrer, avec un peu de chance, on pourra partir le 9 avec Robert, on a pleins de trucs à faire, c'est tout un travail de préparer la caravane.]



Fausse joie ma biquette. A la suite d'un bug, les réinscriptions ont commencé le 18.



C'est tout un programme. Sur la convocation est écrit : "prière de ramener votre pièce d'identité, les photocopies de tous vos bulletins scolaires depuis la maternelle, le chèque de 370 euros parce que n'oublions pas que l'université c'est gratuit, la demande d'un badge parking,  huit photos aux nouveau format légal en noir et blanc exclusivement, votre ancienne carte d'étudiant, vous êtes également sommés de connaître par coeur votre numéro d'étudiant et votre numéro INE - personne sait à quoi correspond mais c'est pas grave - mais aussi votre carnet de vaccination à jour, votre livret de famille, la demande pour une éventuelle bourse,  une attestation de résidence manuscrite rédigée par vos deux parents, votre carte Vitale, l'attestation de recensement, l'attestation de participation à la JAPD et deux photos de vous en string..."

 

- Personne 56 789 s'il vous plaît !

- Ah non, c'est pas moi, j'ai le numéro 234 568 =/

Puis, c'est enfin ton tour. Accueillie avec la plus grande amabilité.

- OUAIS C'EST POURQUOI?

- Bonjour madame, je voudrais me réinscrire pour l'année à venir :)

- VOUS FAITES QUOI?

- Je suis en droit.

Là, brusquement, la mégère sort sa robe de deuil, te baise les mains, te tend verre d'eau en te tapotant le dos d'un air grave:

- Oh ma pauvre enfant, mais quelle misère... Ca va, vous êtes sûre? ... Oh mon dieu, est-ce que vous avez besoin d'en parler? Je peux faire quelque chose ? Tenez, tenez, prenez ce comprimé de Prozac...

- Oh ben à vrai dire, un grand verre de thé glacé à la pomme, ça m'dirait bien. Avec des glaçons. 3 glaçons. Et une paille. Bleue. Non une verte. Non une rose ! Et un pain chocolat-caramel de la boulangerie qui est à 3 kilomètres. Et plus vite, on va pas y passer la nuit ! Qu'est-ce qu'on dit? Merci mon chien?




Aaaaaaaaaaaaaah =))


Lundi 16 mars 2009 à 19:52

L'auto-école près de chez moi est un microcosme : sitôt la porte poussée, on se sait isolé du reste du monde. C'est là que tu te mets à régresser :
- NOOOOOON ne fermez pas cette porte, rendez-moi ma mamaaan !

En rentrant, tu as adressé à la populace un "bonjour" auquel tu obtiens rarement de réponse : 9 fois sur 10, Marie-No [nb : prononcer Marie-No'anh], la secrétaire, est au téléphone avec sa copine Jeannine :
- Alors tu comprends, j'lui ai dit : "tu sais Roger, j'ai lu dans "Femme actuelle" que nous faisons partie des couples fusionnels et comme dans mon horoscope, ils disent que Neptune croisera Saturne, et ben ça veut dire qu'il faut qu'on se sépare quoi... Ce sur quoi, ma fille Charlène vient me voir pour m'emprunter mes bas résille, j'lui ai dit "tu sais Charlène, t'as 6 ans quand même"..."

L'heure de conduite est à 16 heures : malheur, tu as 5 minutes d'avance. A l'auto-école, tu comprends ce qu'est la notion de "durée subjective". Cinq minutes là-bas, c'est comme une heure de droit administratif, c'est comme un exposé d'une demie-heure devant 500 personnes en patois, c'est commÆ¢e attendre à la caisse de chez "Auchan" pendant vingt minutes : c'est long et tu as envie d'en finir. Tu relis le panneau "LES ENGAGEMENTS DE VOTRE AUTO-ECOLE", celui que tu lis à chaque fois et que tu connais à présent par coeur.

16h10, arrivée du moniteur d'auto-école. Les dix minutes de retard, c'est parce qu'il devait aller sur le WAP avec son téléphone portable pour consulter les résultats du match PSG-Nice. Un moniteur d'auto-école a un forfait SMS, MMS, WAP illimité, c'est important. Ca permet de s'appeler entre moniteurs d'auto-école et de commenter les pecknos que l'on a comme élèves :
- Ouaaaaais et moi ce matin, j'ai eu une portugaise, elle faisait des runs, trop la honte quoi OUAH OUAH OUAH * rire graveleux * Elle était trop naze, elle a foiré son créaneau 2 fois, oh la tâche j'te jure !

Entre temps, toi tu conduis, tu as manqué de te prendre trois fois un trottoir et tu te bornes à aller tout droit parce que le moniteur à tes côtés est trop occupé à envoyer un texto à son ami Marcel pour s'apercevoir que vous êtes dans un cul-de-sac.


 

Lundi 16 mars 2009 à 19:51

Je n'étais pas là.

(enfin si)


C'est pas facile de repartir quand les jours griffent, que tout devient insipide, gigantesque et inaccessible. Pas toujours éloquent d'être tenace, pas toujours gratifiant, l'on vous enlève un à un vos points d'appui. Se rappeler de moins en moins pourquoi on est là. Un sacerdoce qui tombe dans l'oubli. Retenir, couver cette perte de force comme un bien que l'on protège, jusqu'à ne plus pouvoir supporter, comme un besoin d'accoucher de ce qui fait mal. Douter froidement d'abord et puis avec de plus en plus d'adversité, de persuasion. Accueillir l'amour de ceux qui y croient pour deux. Je reprends de moi-même l'allure avec laquelle je me rendais à mon but.



J'emporte l'amour dans mon sac

Lundi 16 mars 2009 à 19:49

(devant le Palais de Justice de Paris)

Deux pouffes à un flic :

- Monsieur, qu'est-ce que c'est comme bâtiment ça?

- C'est le Palais de Justice.

Pouffe 1 se retourne vers sa copine, Pouffe 2 :

- Bah tu vois, j't'avais dit que c'était pas le tribunal !


 

[véridique]

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